13/06/2009

Solitude choisie


"Il ne faut pas confondre en effet "marin océanique", "navigateur solitaire" et "skipper de course-croisière".

Le premier a été bien défini par Erroll Bruce dans son livre Croisière en haute mer lorsqu'il a écrit à propose de croisières hauturières sur les petits yachts : Il est plus que probable qu'il n'existe pas en fait un type spécial de b ateau océanique, mais plutôt de bons marins océaniques, qui traverseront l'océan sans histoire à bord de n'importe quel bateau en bon état." En bref, c'est l'homme qui a une grande expérience de la mer, qui connaît bien les surprises qu'elle réserve aux non-initiés, qui sait faire le point, certes, mais aussi apprécier les qualités du bateau dont il dispose et prendre suffisamment à l'avance les précautions nécessaires, quelles que soient les circonstances et surtout par mauvais temps. A celui-là, il n'arrivera rien de désagréable, qu'il navigue seul ou avec des équipiers.
Le "navigateur solitaire" est souvent, comme Gerbault, l'homme qui recherche avant tout l'évasion et pour lequel la navigation en haute mer n'est qu'un moyen. Il faut certes une bonne santé, des connaissances en navigation, un gréement adapté, un moral solide et une certaine dose de courage pour tenter seul l'aventure mais, en cas de fatigue, des routes plus tranquilles, la mise à la cape pendant un jour ou deux pour se reposer, voire même des escales, peuvent être envisagées ! En général, rien ne presse un tel marin ; l'isolement est son idéal et la vie en mer son passe-temps.
Il n'en est plus de même lorsqu'il s'agit d'une course aussi longue [Deuxième course transatlantique en solitai
re, The Transat], pendant laquelle la performance doit être recherchée à tout prix heure après heure. De la nature même d'une telle traversée, promue au rang de compétition, découlent le choix d'un bateau assez grand pour être rapide, donc beaucoup plus difficile à manoeuvrer pour un homme seul, la nécessité d'un entrainement physique poussé permettant de conserver jour et nuit le plus de toile possible et de minutyer ses heures de sommeil pour surveiller continuellement si le bateau suit la meilleure route possible et donne sur celle-ci sa vitesse optimale. (...) Un moral à tout épreuve, une volonté farouche de surmonter les difficultés de tout ordres, de dominer coûte que coûte les concurrents, et une connaissance encore plus approfondie de la mer et des possibilités du bateau sont alors indispensables."


Avant-propos de Victoire en solitaire d'Eric Tabarly par le Capitaine de Vaisseau De Kerviller, 1964



Merci monsieur De Kerviller !
Je sais enfin dans quelle case me mettre (même si je ne navigue pas). Je suis de la deuxième catégorie, ceux pour qui "l'isolement est un idéal".
Je ne me retrouve pas seul parce que je fuis le monde, non, je fuis le monde par besoin d'être seul.
Je ne suis pas associal, antisocial, misanthrope... Simplement, un autre idéal.
Idéal largement reconnu et valorisé quand il se vit sur la mer mais bizarement déconsidéré à terre !

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